PATHOLOGIE INFLAMMATOIRE

Faculté Broussais - Hôtel-Dieu
Université Paris VI


Phase cellulaire - Inflammation chronique

Elements cellulaires de l'inflammation chronique
Notion d'inflammation granulomateuse
Exemples d'inflammations chroniques



        La phase cellulaire de l'inflammation caractérise les inflammations chroniques.
L'inflammation chronique se définit comme une inflammation persistante. Elle s'observe dans diverses circonstances comme par exemple certaines infections, par le biais d'une réaction d'hypersensibilité retardée (ex. inflammations granulomateuses comme la tuberculose), les expositions prolongées à des agents toxiques exogènes ou endogènes (silice, lipides endogènes...) ou les maladies auto-immunes.
L'inflammation chronique est caractérisée par une réaction inflammatoire faite de phagocytes mononucléés et lymphocytes, une néoangiogenèse et une fibrose. La destruction cellulaire / tissulaire est en grande partie liée aux cellules inflammatoires.



I. ELEMENTS CELLULAIRES INTERVENANT DANS L'INFLAMMATION CHRONIQUE
        La phase cellulaire de l'inflammation, caractéristique des inflammations chroniques, fait intervenir différentes familles cellulaires.
  1. Le système des phagocytes mononucléés
  • Il s'agit des monocytes, histiocytes, macrophages.
  • Ils naissent dans la moelle osseuse: ce sont les monocytes, qui vont circuler dans le sang.
  • On les trouve à l'état normal dans les tissus: ce sont les histiocytes tissulaires, les histiocytes des sinus ganglionnaires et spléniques, les cellules de Kupffer des sinusoïdes hépatiques, les macrophages alvéolaires, les ostéoclastes, la microglie.
  • Les éléments intervenant dans la réaction inflammatoire peuvent être:
  • Des histiocytes activés en macrophages:
    - Sous l'action des endotoxines et médiateurs chimiques, des lymphocytes T et cellules NK (IFNg), de la fibronectine;
    - Capables de sécréter de nombreux facteurs actifs dans la destruction tissulaire (protéases, oxyde nitrique...), l'angiogenèse et la fibrose (TGFb, PDGF, EGF, FGF);
    - Capables de phagocytose;
    - En recrutement continu plutôt qu'en multiplication locale.
  • Des histiocytes transformés en cellules épithélioïdes et, par fusion, en cellules géantes multinucléées et dont les propriétés sont essentiellement des propriétés de synthèse et d'excrétion de facteurs actifs, sans capacité ou presque de phagocytose.
  1. Les lymphocytes
  • Il s'agit essentiellement des lymphocytes T. La présence de lymphocytes B témoigne de la mise en jeu de l'immunité humorale.
  • Ils sont en étroite interaction avec le système des phagocytes mononucléés.
  1. Les fibroblastes
Ils synthétisent les constituants de la matrice extracellulaire et sont responsables de la fibrose, fréquente dans l'inflammation chronique.
  1. Les polynucléaires éosinophiles
Ils interviennent dans les réactions inflammatoires liées à une hypersensibilité et les inflammations parasitaires.
  1. Les mastocytes
Ils participent aux inflammations parasitaires avec augmentation du taux des IgE.


II. NOTION D'INFLAMMATION GRANULOMATEUSE
        Un granulome se définit comme un agglomérat de cellules histiocytaires, souvent bien limité, volontiers entouré de lymphocytes. Il peut en outre comprendre, en proportion variée, des cellules épithélioïdes et des cellules géantes multinucléées.

Selon le type cellulaire prédominant, il peut s'agir de granulomes épithélioïdes et gigantocellulaires (ex. la tuberculose, avec un rôle important de l'immunité T et de l'agent causal), de granulomes à corps étrangers, de granulomes lipophagiques etc. Des granulomes peuvent se développer au pourtour de foyers de nécrose (tuberculeuse, fibrinoïde, suppurée etc.).



III. EXEMPLES D'INFLAMMATIONS CHRONIQUES
  1. L'ulcère chronique gastrique (ulcère de Cruveilhier)
Dans l'ulcère gastrique, la perte de substance intéresse la muqueuse, la sous-muqueuse et atteint la musculeuse. Cette perte de substance, chronique, cicatrise puis récidive, entraînant une réaction inflammatoire de la paroi gastrique adjacente avec la présence de cellules inflammatoires et, surtout, le développement d'une importante réaction fibreuse. La réaction fibreuse remplace ou modifie les différentes couches de la paroi gastrique. De telles modifications ne sont pas spécifiques du siège gastrique, mais s'observent dans tous les ulcères chroniques (par exemple, cutanés …).
  1. La cirrhose hépatique
L'agression des hépatocytes par un agent lésionnel, le plus souvent un toxique, l'alcool, entraîne la mort d'hépatocytes et le déclenchement d'une réaction inflammatoire qui est entretenue par la persistance de l'intoxication alcoolique et la persistance de la nécrose hépatocytaire. La vascularisation normale du tissu hépatique est perturbée. Lorsque la cirrhose s'est développée, une fibrose ou sclérose s'est installée, remplaçant l'architecture originelle du foie. Il s'agit d'une fibrose extensive, mutilante, comportant des cellules inflammatoires et des néoductules biliaires, isolant des plages d'hépatocytes. Ces plages d'hépatocytes constituent un aspect de la régénération du tissu au cours de la réaction inflammatoire chronique : ce sont des nodules de régénération. Leur connexion au réseau vasculaire et biliaire est anormale.



Dernière mise à jour
02 février 2002